Présentation de la séance 3 & 4.

II. Mémétique, cybernétique, memes : Rêver Internet.

Durant cette séance nous avons évoqué les bases de la cybernétique comme science du contrôle de l'information, et de sa circulation entre systèmes organisées, en reprenant les travaux de Norbert Wiener.
La notion de "feed-back process" - de régulation des comportements des systèmes organisés, et enregistrements de modifications apportées à ces comportements - prend une place centrale dans la description cybernétique du monde et du vivant.

Nous avons vu d'une part que la notion de "meme", définie en premier par Richard Dawkins comme "une unité culturelle se répandant d'individu en individu par imitation et réplication", est largement inspirée par le développement de la science génétique.
Celle-ci repose d'autre part en grande partie sur cet héritage conceptuel tiré de la cybernétique ainsi que sur les implications anthropologiques que cet héritage soulève : les humains ne sont pas des êtres libres mais des machines à traiter, archiver et diffuser de l'information, voire simplement des hôtes accueillant des motifs culturels générés leur environnement socio-technique, par les médias de masse et les dispositifs de pouvoir au sein desquels ils s'insèrent.

Si un timide tournant en faveur d'une redéfinition du vivant organique au sein de la cybernétique s'opère dès les années 70 avec Gregory Bateson (et son écologie de l'esprit), il faut attendre la fin des années 80, début des années 90 pour qu'un autre vocabulaire se développe, et tente de réarticuler autrement le lien entre organisme vivant, automation et environnement.
Les approches féministes et décoloniales offrent non seulement une autre représentation de la technologie et de ses utilisateurs.trices mais posent aussi le cadre théorique permettant de construire une approche participative des memes avec notamment l'élaboration notion d'agent/agency.

Nous avons ensuite regardé les particularités des memes digitaux, les catégories de contenu, forme et posture, servant à les décrire.
Puis nous avons détailler les manières de les distinguer des contenus viraux et les points communs aux contenus mémétiques (Nous avons, pour ce faire, suivit les travaux sur les memes digitaux réalisés par Limor Shiffman et les travaux sur la typologie des contenus viraux réalisés par Jonah Berger et Katherine Milkman).
Ces outils descriptifs nous ont permis d'aborder un cas d'étude "les memes d'introvertis" et de mettre en lumière l'aspect méta-textuel du meme : la façon dont il tourne en dérision une certaine approche des technologies d'information et de communication.

Du robot traitant parfaitement l'information à l'utilisateur et ses contenus amateurs, nous voyageons d'une conception de l'humain à l'autre et d'une approche à l'autre de l'espace numérique.
Ce voyage traduit deux régimes de rêve politique qui se reflète mutuellement : l'utopie de contrôle de l'information et ses postes de contrôle et l'utopie post-internet et son esthétique pop.

Bibliographie :

Berger J, Milkman K (2012) “What Makes Online Content Viral?

Bateson G (1969) Vers une écologie de l'esprit.

Bretton P (1997) L'utopie de la communication : le mythe du village planétaire.

Chollet M (2018) Sorcières : la puissance invaincue des femmes.

Dawkins R (1972) The selfish Gene.

Finkelstein (2008) Memetic Compendium.

Harraway D (1984) A cyborg manifesto.

Jiang C (2021) La fabrique des fembots popstar.

Mercklé P (2015) Sociologie des réseaux sociaux.

Shifman L (2013) Memes in digital culture.

Wiener N (1952) Cybernétique et société.

Powerpoint